Ma chère Véronique,
L’orage s’arrête enfin, et je peux rallumer mon ordinateur pour répondre à ton petit message, qui m’a fait chaud au cœur.
Parfois tout paraît vide de sens, sens propre, sens figuré, on reste là, en touche, juste pour rien juste pour lui, comme anéantie.
Trois ans c’est long, mais c’est court tout à la fois, des souvenirs qui se ramassent à la pelle, des sourires, des joies, des rires aussi et une main tendue, une épaule large et confortable où partager ses peines, et mélanger ses larmes.
Alors on se décide, comme toi à faire l’impasse, on oublie parfois, à la recherche d’un ailleurs plein de promesses, on part en quête d’un autre « plein » qui compensera ce vide, sinistre, lâche, qui s’installe si traîtreusement.
Et, alors que les valises se referment, que les larmes courent sur nos joues, et qu’il se dirige vers la porte, on voit ce bonheur éphémère, cette chrysalide qui se rompt, et ce papillon captif qui rouvre ses ailes, et s’envole loin de nous.
Seule, abominablement seule, avec ces souvenirs heureux qui nous catapultent des instants de bonheur, et qui nous semblent à jamais perdus.
Amère, on apprend la tristesse de ces moments de solitude, face à nous même, à nos choix, à nos vies.
Instants partagés, murmurés, chuchotés, au gré d’une toile effeuillée, au sein d’un salon amical où l’on se sait n’être jamais jugée.
Dernier jour ou renaissance ?
Détresse partagée, et ce voile sombre qui se dissipe, ailleurs incertain où perle le soleil d’un renouveau, d’autres rencontres, et ce cœur qui se bat, qui se démène à trouver ce rare sentiment, délicieux et exquis, qui remplira ce vide, trop présent, trop pesant !
La vie jongle de nos choix, l’amour fait de l’équilibre sur le fil de nos jours, l’autre n’est pas loin, peut être juste à côté de toi, et se révélera à la faveur d’un sourire, d’un regard, d’un baiser.
Juste une main tendue au dessus du vide, et cette douce quiétude qui envahit nos corps, grandit et s’impose à nouveau, au delà des mots, au delà des maux !
Courage Véronique, ces moments sont rares, durs, difficiles, mais au delà de cette détresse il y a cet ailleurs, ce renouveau qui s’avance, la vie qui passe, et c’est un peu de toi qui reste sur la route, juste un peu de vous. Mais la vie est un cocktail magique, nos peines nous façonnent, nous aident à grandir, à évoluer, à parachever notre quête du parfait, du bonheur, du sublime. Richesse de ces expériences passées, qui se fusionnent, doucement, créant cette merveilleuse démesure, cet éternel attrait vers l’autre, ce prince charmant qu’on ne connaît pas encore. Merveilleuse quintessence du plus que parfait, qui nous mène, nous donne cette joie de nous réveiller chaque matin à la recherche de ce bonheur, là quelque part, qui nous tend ses bras.
Certes le vide sera plus dur, plus intense, mais il sera aussi un fabuleux moteur, un extraordinaire pur-sang, piaffant d’impatience, sur lequel tu chevaucheras à travers les landes de ta vie pour trouver ton Avalon !
Alors par une journée ensoleillée, au delà des mille caps aux mille embruns d’espoir, tu le rencontreras, là, anodin, merveilleux, solitaire. Poussé par les impétueux flots de cet amour en devenir, vos regards se croiseront, instants sublimes et éternels, il s’approchera, t’aidera à descendre de ta monture, et t’offrira son épaule, scellant votre union d’un baiser langoureux, Une main tendue, au dessus du vide, tu enjamberas l’immense puits de pleurs, et tu te blottiras dans ce plein d’ailleurs, avec ton sourire, ta force, tes joies. Il t’accompagnera à son tour, dans ta longue et belle route, sur les mille chemins de la vie, et t’offrira de bâtir un royaume, puisque dans un murmure, il te dira qu’il a trouvé sa princesse charmante !
Destins scellés dans un baiser mêlé, merveilleuse alchimie des mille mondes, au delà des oracles aux arcanes majeurs, sublime quintessence de la vie, dans le secret des alcôves du vieil alchimiste.
Mais la route semble toujours trop longue, alors n’hésites pas à demander de l’aide, de l’eau ou du pain, si tu t’aperçois parfois que tu perds cet espoir, et que la route, par endroit est plus ardue qu’ailleurs. Tu sais où me trouver, Véronique, alors n’hésites pas une seconde.
Je suis de tout cœur avec toi.
Mille bises
Mille amitiés
Gaëlle
PS : Je suis heureuse que cet endroit magique de toile, t’ait permis d’abattre ce premier mur, celui du silence et de la solitude !