| | Flora et Gaëlle | |
| | Auteur | Message |
---|
Gaëlle Rang: Administrateur
Nombre de messages : 225 Localisation : Vercors et Brocéliande Date d'inscription : 20/03/2005
| Sujet: Flora et Gaëlle Lun 14 Nov à 23:52 | |
| Kikou vous,
Nous souhaitons unir nos songes afin de créer un livre aux mille merveilles. Une oeuvre qui parlerait de fées, et de tous ces magnifiques ailleurs qui nous rassemblent et nous ressemblent.
Les dés sont jetés, les pages blanches nous tendent les bras, je prends fièvreusement une longue plume mauve, que je trempe dans le calice entrouvert d'une belle renoncule, nectar et quintessence, la plume griffe ce papier délicat, et tresse des mots ... en guirlandes de fleurs....
Mille bises
Gaëlle | |
| | | Enfant Lune bourgeon
Nombre de messages : 19 Localisation : Venue du Ciel profond, ou sortie de l'abîme ... Date d'inscription : 11/10/2005
| Sujet: Re: Flora et Gaëlle Mar 15 Nov à 1:01 | |
| Chut, il est l’heure, maintenant … D’abord, ne prononce jamais, au grand jamais, leur nom à vois haute ! Cela risquerait de les attirer, comme autant de papillons, éphémères ailes de verre suspendues auprès de la mortelle lueur. Ensuite, prend bien garde où tu mets les pieds, et n'oublie jamais que tu marches en un lieu Sidhe, gorgés de somptueux mystères et de folies Dantesques. A présent, enfant, écoute moi bien, entend les notes lancinantes de la vieille Horloge, vois les portes grinçantes se refermer en chantant ... Que se passerait-il si les Ombres pouvaient écrire ?
Par les échos de nos âmes, nous déchireront le voile des mille mensonges, et feront renaître Sofia des cendres qui la recouvraient. Sous l'agonie des fantômes, les mille contes renaîtrons des porcelaines brisées ... Il était une fois ...
Les anges sont tombés, les notes envolées, le linceul de l'Hiver déjà paré de Sève. A la cour Seelie, les maraines fileuses s'approchent des berceaux, incantant mille voeux d'existence, et révélant la réalité amère par des larmes trop belles .... | |
| | | Gaëlle Rang: Administrateur
Nombre de messages : 225 Localisation : Vercors et Brocéliande Date d'inscription : 20/03/2005
| Sujet: Re: Flora et Gaëlle Mar 15 Nov à 1:27 | |
| Les flocons tombent depuis l'aube. Etrange cathédrale, le clocher gît, tronqué, comme une plaie béante, qui griffe le parvis à quelques pas du vieil édifice.
Quelques colonnes encore debout semblent supporter un reste de tympan sur lequel un artiste habile avait gravé une fresque splendide, représentant un vol de dragons.
Le vent glace les congères hirsutes qui se dressent à l’assaut du large vestibule, jadis dallé sans doute.
Au loin, une meute de loups crie famine.
La lourde forêt, recouverte de neige, berce les bourrasques soudaines avec des craquements sinistres et répétés. Le fond baptismal, éclaté sur le sol, sert de refuge à un couple de grenouilles.
Drôle de bénitier.
Les bancs dévastés sont vautrés, disloqués, contre les marches du vieil autel. Le ululement des bêtes effrayées rythme la décrépitude programmée de cet ultime vestige de la foi chrétienne.
Tout semble mort, à l’unisson de ce drôle de sarcophage, béant et ouvert aux quatre vents.
Tout ? Non !
Soudain un cri résonne dans les alcôves lépreuses de la vieille chapelle.
Un cri joyeux, un cri d’enfant, un cri de nouveau né !
Mille bises
Gaëlle | |
| | | Enfant Lune bourgeon
Nombre de messages : 19 Localisation : Venue du Ciel profond, ou sortie de l'abîme ... Date d'inscription : 11/10/2005
| Sujet: Re: Flora et Gaëlle Mar 15 Nov à 23:00 | |
| A la sombre clarté de la lune, la pluie et le vent s'annoncent alors, et se mêlent au cri qui se répand dans la nuit. Hurlement de joie déchirante, ultime cri de liberté lancé comme une provocation à une futur de servitude. Intriguées, les mères louves relévent la tête, et reconnaissant l'enfant là où les mâles avaient vu l'ennemi. Les animaux s'approchent, leurs pattes de velours aux griffes d'acier foulant et déchirant la neige dans un silence d'argent. Enfin, étincellant au milieu des étoiles, leurs yeux d'ambre apperçoivent les ruines brumeuses, église mortelle aux murs suintant d'ombres lascives. En son sein s'élève le cri de l'enfant, intolérable chant d'espoir pour un monde qui ne veut pas de lui. Etranges chemins d'existence, qui se croisent et s'entremêlent, s'accouplent et sé délient, et s'inscrivent, silencieux et sourds, sur ce linceul de neige immaculée. Les mères louves s'avancent, et pénètrent, religieuses, dans ce gris sanctuaire constellés des infinies décrépitudes. Les ambres flamboyantes, juges de fortune, se posent sur les murs crevés et les tourelles lézardées, sur l'autel aux idoles mortes-nées, sur le drôle de bénitier avec sa cour royale amphibie plongée dans ses orgies profanes. Aux milieux des décombres, infime revanche de l'Humain sur la Nature maîtresse, gît l'enfant fils d'Eve, implorant la clémence des éléments. Son petit corps sombre, à l'odeur entêtante, bouge imparceptiblement. L'autel écartelé, monstrueuse scène de théâtre, met en scène cet étrance acteur, clâmant son texte insolemment.
Gros bisous. Flora. | |
| | | Gaëlle Rang: Administrateur
Nombre de messages : 225 Localisation : Vercors et Brocéliande Date d'inscription : 20/03/2005
| Sujet: Re: Flora et Gaëlle Mer 16 Nov à 2:16 | |
| La louve épie un instant la scène dans cette étrange caverne où règne le chaos et se répand le fiel de ces drôles d’absurdes. La jeune mère pleure doucement, la délivrance est terrifiante, et son sang perle le vieil autel, le maculant en de longues traînées vermillon, qui épousent parfois les fissures et inondent, immuablement, le vieux sol dallé. Elle sent ses poils qui se hérissent, elle regarde l’enfant qui pleure, accrochée, désespérée, au ventre de sa mère, par ce drôle de fil gluant qui semble ne plus finir. Le grand loup s’approche lui aussi. Il sait que les ruines lézardées de toutes parts, risquent de s’effondrer sans crier gare. La jeune mère hurle devant ces terrifiantes créatures, seule, anéantie, nue et offerte à leurs crocs acérés. Or liquide, fusion subtile des mille quintessences, ils se regardent sans se comprendre, et d’un bond il est sur elle, serrant son cou fragile, étranglant à demi le cri sanglotant de ses derniers instants. Là bas le plancher vermoulu craque et se fend, alors que se rompent les dernières attaches des jointures éclatées de cette voûte usée, toute clairsemée d’étoiles. La louve est déjà sur l’enfant, arrachant le fil sanguinolent du corps supplicié de la mère, foulant en partant, la tête blonde arrachée et absurde, de cette belle jeune femme.
Une vague de sang, qui sur l’autel se répand Une et une seule, indivisible marque, Une déité, apeurée et absurde, Une seule à jamais, comme le chiffre un !
Les derniers carnassiers sortent de la vieille chapelle, quand celle ci, dans un bruit sec et froid, se déchire de plus belle, et s’écrase, lamentable, sur les pierres de son parvis.
L’enfant ne crie plus, la grande louve blanche court maintenant vers les hautes plaines, au delà de la mer d’Azov, celle là qui, dès lors, reste gelée jusqu’au mois de mai.
Cette fillette sera sienne, telle est sa décision, et comme elle est la louve dominante elle sait déjà que pas un de ses frères ne s’y opposera.
Il en va ainsi dans les meutes disciplinées de la vieille Russie !
Mille bises
Gaëlle | |
| | | Enfant Lune bourgeon
Nombre de messages : 19 Localisation : Venue du Ciel profond, ou sortie de l'abîme ... Date d'inscription : 11/10/2005
| Sujet: Re: Flora et Gaëlle Dim 20 Nov à 14:25 | |
| Les Lunes ont passé sur les steppes enneigées de la blanche Sibérie. Par de fois déjà, le soleil d'été à dégelé le givre du fleuve Ienisseï, pâle lambeau d'opale, jouant ses mille reflets, magnifique miroir ou se révèle, impassible, l'étincelante chevelure d'un astre trop pâle. A présent, la froide neige à recouvert les plaines, et le vent s'est levé, chassant les souillures de la chaude saison.
Au sein de mère Taïga, les mères louves ont trouvé leur nid, particule infinitésimale, îlot de brume au sein des arbres millénaires … Dans la fraîcheur matinale, quelques formes indistincte, presque évanescentes, émergent lentement dans le brouillard d’argent, qui ondule au sol en longues danses ouatées. Les louves sont là, accompagnées des mâles, tous prêt pour la grande chasse. Alors que le vent hulule son chant lancinant, des cris sont poussés, des ordres donnés par la reine à la meute impatiente, désireuse enfin d’en découdre avec la mort.
La Reine s’avance, impériale, inspecte ses bons soldats, dignes, toujours, malgré leur colère brûlante. Les frères de la mère Louve, téméraires et audacieux, attendent sagement le signal de leur sœur qui les poussera hors de leur refuge. Soudain, il est là ! Il tonne, crevant les nuages de cendre, s’élançant au firmament ! La prière d’un trop singulière prêtresse ! Le cri de la louve ! | |
| | | Contenu sponsorisé
| Sujet: Re: Flora et Gaëlle | |
| |
| | | | Flora et Gaëlle | |
|
| Permission de ce forum: | Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
| |
| |
| |