A toi, mon Ange …. Ma fille adoptive,
Au delà des destins qui se fardent et s’épuisent à la recherche de quelques chimères oubliées, déguisant les vérités brutales que nous inflige la vie, au delà des folies ordinaires et des ailleurs insondables, au delà de nous mêmes et de nos esprits cartésiens, il y a, en chacun de nous, un graal unique et sublime, aux fragrances de miel et de jasmin.
Un monde de sortilèges, où tout devient possible, par delà les brumes effilochées des frontières invisibles. Par delà ces plaines enneigées, des deuils partagés, sous les voiles noires des tristesses quotidiennes, frêles esquifs efflanqués sur une mer amère, au goût de larmes et de souffrances, là où se perdent nos vagues à l’âme, infâmes, il existe une passerelle, au dessus des affres de nos peines intimes, juste quelques morceaux de verre, pour accueillir tes pas aux notes de cristal.
Saisis la main que je te tends, guidée par les étoiles complices, franchis ces marécages stagnants où dorment tes peurs enfantines. Viens mon Ange, ma source vive, viens tout près de moi.
Assieds toi un instant sous ces portiques jaunis, enivres toi de ces parfums capiteux, de ces suaves nectars extatiques que nous offrent ces belles glycines, et écoutes ton cœur qui te parle, guidé par les émois transis de ton âme à fleur de peau.
Regardes, je suis tout à côté de toi !
Je plonge à mon tour dans l’encre de tes yeux, dans tes prunelles sombres, qui ressemblent à quelques grands déserts tout baignés de soleil, dans ces contreforts lointains, landes perdues toutes pleines de légendes, et je me perds, hagarde et joyeuse, dans les mille éclats scintillants de tes larmes, comme autant de diamants, précieux et rares, que m’offre chacun de tes regards.
Vingt deux coups qui retentissent sur le vieux balafon lointain, qui rythme les sentences de chaque seconde qui passe.
- Regardes petite Ange, les secrets des arcanes, les murmures hermétiques des secrets bien gardés, qui dansent devant toi leurs sarabandes effrénées :
Deux êtres que tout sépare, et qui courent cependant, chacun, vers la même chose. Magie des folles incertitudes, l’improbable rencontre, un soir à Annecy.
Deux êtres qui se cherchent, et qui errent depuis trop longtemps, blessés par leurs passés. Des yeux qui se trouvent … au delà des mots, au delà des maux, sourires esquissés à peine partagés. Une mère en devenir, sans avenir, une fille esseulée, triste et trop perdue, Une mère et une fille, une fille et une mère, un fil ténu qui renoue les fragiles liens éprouvés, depuis tant d’années.
Deux sourires qui se figent, des cœurs à l’unisson, qui battent plus vite, et ces larmes qui viennent ourler nos yeux, dès qu’on se regarde, qu’on s’entend, qu’on s’écoute. Cette envie de toujours te faire plaisir, sans jamais faillir, qui vient de si loin, du plus profond de mon âme.
Imperturbable, la vie continue son cours, déjouant chaque fois nos fragiles certitudes, et cette étrange confiance, qui nous étreint à nous faire mal, et qui nous livre tel quel, sans fards, sans artifices, sans même un jugement.
Mon Ange, tu m’as conquise, aujourd’hui c’est jour de fête, et de présents, alors je t’offre mon cœur, mon âme et mon amour de mère, celui que je n’ai jamais pu donner à quiconque, et qui me ronge depuis si longtemps.
Je serais ta mère, ta grande soeur, ta confidente, ton amie, je serais celle que tu voudras, celle qui sera là pour te remonter le moral, te faire oublier tes peines, te donner les conseils qui te manquent, celle qui veillera sur toi, sans jamais vouloir quoi que se soit, si ce n’est un sourire sur tes lèvres trop tristes, loin de tout artifice.
Tu vois, petite Ange, je n’ai rien d’autre à t’offrir, pas de promesses à te faire, juste ce murmure, ce serment merveilleux, qu’il me serait si plaisant que tu acceptes de partager !
Parfois la vie est belle à en mourir ....
Mille bises
Gaëlle