Arpentes et songes
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Arpentes et songes

hâvre ludique où se rejoignent rôlistes amoureux des fantaisies fantastiques et poètes
 
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2 participants

Arrivés les premiers sur le lieu d'un accident, êtes vous prêts à intervenir ?
oui
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non
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je pense qu'une formation de secouriste même basique peut sauver une vie
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AuteurMessage
Gaëlle
Rang: Administrateur
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Nombre de messages : 225
Localisation : Vercors et Brocéliande
Date d'inscription : 20/03/2005

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MessageSujet: Hasardeux hasard ...   Hasardeux hasard ... EmptySam 14 Oct à 15:38

Kikou,

Je viens d'écrire une lettre à une amie avec qui je devais passer le week end, mais un contretemps de dernière minute m'a obligé à faire autrement.
Furieuse tout d'abord, je me dis que parfois, le hasard fait bien les choses, surtout pour la petite Mélanie...


Ma chérie,

Parfois il est difficile de se résigner, mais on le fait pour telle ou telle raison. Strasbourg j’en rêvais de puis des semaines, et puis comme une sorte d’instinct irraisonné, j’ai voulu assurer, voulu rester alors que mon travail aurait sans doute pu se passer de ma présence.

Et puis vendredi, je reviens, avec l’envie de bien faire, en essayant de me persuader que ma décision était la bonne, la seule et unique décision à prendre, et là ! quelle surprise, je vois que je n’étais nullement attendue, et vraiment en congé.

ARRRGH !!! J’étais furieuse, sachant déjà qu’apprendre cela vendredi à 8.45 H m’empêchait de toute façon de venir à Strasbourg de par le peu de temps que cela me laissait d’une part, et d’autre part du fait que cela m’avait privé de la soirée du jeudi, qui nous était dévolue.
Alors contre mauvaise fortune bon cœur j’ai repris le chemin de la maison, en pestant comme une diablesse devant la terrible injustice dont la vie m’accablait.

Et là, alors que je broyais du noir, je vois sur le bord de la route une fillette (Mélanie et elle a 7 ans, je le saurai plus tard), qui semble être tombée de son vélo.

C’est un raccourci que je prends tous les jours, qui coupe à travers d’immenses champs de maïs, et qui est peu fréquenté. Je m’arrête, et viens la voir. Elle tient des propos sans queue ni tête, se tient la tempe, et pleure. En voyant son vélo et l’état de sa roue avant, je comprends soudain qu’elle a été renversée par une automobile, qui n’a pas pris le temps de s’arrêter, de peur peut être de repayer un vélo. Je téléphone au SAMU, et je leur indique avec précision l’endroit, puis je m’assois à côté de la fillette et j’essaye de la tenir éveillée. Jusque là son état ne me semblait pas si grave que ça.

Soudain d’un seul coup elle tombe violemment la tête la première (de sa position assise) et sa tête vient heurter le bitume.
Son pouls est filant, il s’affole. Je regroupe rapidement mes quelques notions de secouristes, et je la mets en PLS. Je surveille son souffle, et voilà qu’il disparaît. Je cherche son pouls, il n’y a plus le moindre battement.
Alors je fais ce que l’on m’a appris, le massage cardiaque et le bouche à bouche.
Tout se heurte dans ma tête, 15 pressions pour les adultes et deux insufflations à la minute, mais combien pour les enfants ?
Plus ou moins ?
Je m’embrouille et décide d’improviser. Je lui fais 20 exercices respiratoires et 4 demies insufflations, et je prie pour que les secours arrivent vite. Mes yeux se brouillent de larmes, la vie fuit cette gamine, je suis seule dans ces putains de maïs, et rien, rien, rien ne se passe. J’en veux à la terre entière, et pourquoi je ne suis pas à Strasbourg et pourquoi, et pourquoi …

Enfin, après plus de quarante minutes, l’ambulance arrive, des pompiers, pas un SAMU.
Ils prennent le relais me disent que j’ai tout « bien » fait, et me demandent à quelle heure j’ai commencé la respiration artificielle. Je ne m’en souviens plus, je suis exténuée, et la fillette n’a pas repris connaissance.
Arrivent les policiers, toujours en retard ceux là, on m’aide à me relever, je ne sens plus mes jambes, j’étais agenouillée durant tout ce temps et mes ménisques ont soufferts. On m’injecte une sorte de relaxant dans les genoux, puis un policier prend ma voiture, et je rentre avec eux au commissariat.
L’ambulance n’a toujours pas bougée alors que je m’éloigne dans l’estafette.
Je pleure, pourquoi ?
Je n’en sais rien, la peur, l’angoisse, le contre choc.

Arrivée sur place on me pose mille questions, on prévient les parents (elle avait des cahiers avec son nom et son adresse dans son sac de cours). Puis on me laisse dans une salle d’attente avec des délinquants menottés. Je n’ai qu’une envie : fuir cet asile de fous.

Enfin vers midi (soit 3 heures après les faits) on me dit qu’on en a fini avec ma voiture ????

Je ne comprends pas et je les regarde avec stupeur, comprenant ce qui vient de se passer.
Sous prétexte de prendre ma déposition, ils ont vérifié que je ne sois pas la coupable du renversement de la fillette en analysant ma voiture ….. J’étais leur suspecte !

C’est ubuesque, je n’en reviens pas.

Je leur en veux vraiment, et je pars en boitant, décidée à ne plus jamais intervenir sur un accident.

Personne ne me propose de me ramener, je sais que j’habite à 50 kilomètres, mais quand même j’ai mal à mes genoux.

Je rentre chez moi, tant bien que mal, et m’applique des compresses de mélisse.
Je repasse ces évènements dans ma tête jusqu’au soir.

Vers 17 heures, une femme m’appelle, elle me dit qu’elle a eu mon téléphone par la gendarmerie, et veut me voir et m’embrasser, car – dit elle- sans mon intervention, sa fille serait morte, oubliée de tous, comme un vulgaire déchet, abandonnée sur le bord d’un chemin vicinal.

J’ai beaucoup pleuré, et là, ce matin, je reviens de l’hôpital.
J’y ai vu la fillette et ses parents, elle va bien, je lui ai cassé 3 côtes en lui faisant mon massage cardiaque, mais c’est un impondérable m’a dit le médecin.
L’essentiel est qu’elle vive aujourd’hui.
Elle a un hématome au cerveau, provoqué par le choc avec la voiture, qui semble se résorber et qui n’aura pas de complications, (c’est lui qui l’a fait tomber inconsciente et qui a provoqué la tachycardie et l’arrêt cardiaque), une commotion du bassin, qui se remettra vu son jeune âge, et divers petits troubles nerveux sans conséquences.

Le chauffard s’est rendu à la gendarmerie ce matin, (on est samedi) et s’est dénoncé, disant que cela ne devait pas être grave puisqu’il était repassé à 17 heures (soit 8 heures après l’accident) en rentrant de son travail car c’est sa route habituelle, pour voir, et que, comme elle n’était plus là, elle avait dû rentrer chez elle.

Sans commentaires !

Avant de partir de son chevet, Mélanie m’a serré la main avec force, en me regardant, comme si elle pouvait comprendre ce qui venait de se passer, au bord de cette route, au milieu de nulle part.

Son père a voulu me remercier à sa manière, en me faisant un chèque conséquent. Je lui ai répondu qu’une vie n’a pas de prix, et qu’il offre cet argent à son bout de chou afin de profiter d’elle le plus longtemps possible. Et là, il a fondu en larmes, étrange pour cet homme d’affaire tiré à quatre épingles même dans un couloir d’hôpital, alors qu’il se rend au chevet de sa fille traumatisée de la route.
La mère, bien plus humaine, m’a proposé d’être la marraine spirituelle de Mélanie, je ne sais pas bien ce qu’elle a voulu dire, je suis passée dans la vie de ces gens comme ça, par hasard, et j’ai maintenu une vie sur terre, par … accident, alors que je devais me trouver à 600 kilomètres de là.

Et là je repense à ce que nous disions, destin, fatalité, hasard…

Rien ne sert d’épiloguer là dessus, juste un moment de vie, et un geste pour une fillette qui, pour une fois, a eu de la chance…

Au regard de cette (belle) histoire, je me dis que finalement, ne pas être allée à Strasbourg, même si c’est difficile à accepter, valait bien la vie de Mélanie, surtout que l’ambulance a été le seul véhicule à venir sur les lieux durant tout le temps où j’étais à son chevet, largement de quoi la laisser mourir !

Voilà ma belle amie, comme je te le dis souvent la vie n’est qu’un ensemble de petits bonheurs, et aujourd’hui, maintenant que je prends conscience de ce qui vient de se passer, je trouve que j’ai bien fait de passer par là à ce moment là !

Mille bises
Gaëlle
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Date d'inscription : 29/03/2005

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MessageSujet: Re: Hasardeux hasard ...   Hasardeux hasard ... EmptyLun 16 Oct à 10:47

alors je reponds "non", parce que je ne saurais franchement pas quoi faire...j'interviendrais uniquement pour appeler les secours, mais ne prendrais pas le risque de faire un massage ou quoi que ce soit...

en tout cas, quelle histoire ! à la fois tres stressante et tres belle, tu as bien assuré de t'arreter t'occuper de cette enfant, et mélanie a eu bien de la chance...
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